Knowledge for Development

Maîtriser la biodiversité pour un developpement durable (Note d'orientation ACP)

Author: Judith A. Francis et al.

Date: 30/11/2005

Introduction:

Les gouvernements des ACP sont encouragés à mettre en place des mécanismes pour la collecte, la caractérisation et la conservation des ressources biologiques et pour explorer diverses possibilités pour produire de nouvelles denrées alimentaires et composés industriels afin d’éviter la surexploitation des ressources locales et de permettre aux populations autochtones de ne pas perdre leurs moyens de subsistance traditionnels.


 

Introduction
La biodiversité de la planète, ou la variété et la variabilité des gènes, des espèces, des populations et des écosystèmes sont à l’origine de biens et services qui améliorent les moyens de subsistance de l’humanité, permettent de réaliser ses aspirations et aident les sociétés à s’adapter au changement. Cette diversité se retrouve dans les écosystèmes naturels des forêts, des savanes, des pâturages et des parcours, des déserts, des toundras, des rivières, des lacs, des îles, des mers et des espaces horticoles, en particulier des jardins de subsistance traditionnels ; elle englobe les relations entre les organismes vivants et leur environnement physique.

La biodiversité contribue au développement durable et est essentielle à la sécurité alimentaire, au maintien de la productivité des forêts, à la protection de l’environnement et au développement de nouveaux produits. Elle joue un rôle important dans le secteur agricole en tant que source des produits alimentaires, matériel génétique pour l’amélioration des cultures, agents de lutte biologique notamment les composés bioactifs et les pesticides d’origine végétale et dans d’autres industries en tant que matière première pour la production de produits dérivés du bois, de textiles et de produits pharmaceutiques et d’alicaments ; elle contribue à l’équilibre de l’écosystème notamment au maintien de la fertilité des sols. En raison de la croissance démographique qui se poursuit dans les pays ACP et qui dépasse la production alimentaire, il est nécessaire d’encourager une plus grande diversité dans les systèmes de cultures, de développer de nouveaux produits et d’élargir le marché et les opportunités d’emploi pour soutenir la croissance économique ; il faut aussi renforcer la capacité scientifique nationale et régionale.

Qu’est ce que la biodiversité?

La Convention sur la diversité biologique (Secrétariat de la CDB, 2005) définit la « diversité biologique » ou la biodiversité comme « la variabilité entre les organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; elle comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. »

La stabilité des écosystèmes est directement liée à la diversité biologique. La perte des espèces et la destruction des habitats et écosystèmes réduisent cette diversité, ce qui à son tour limite la capacité à résister ou à récupérer en cas de fortes perturbations. Ceci est particulièrement vrai pour des écosystèmes comme ceux des Caraïbes et des régions du Pacifique. Ce déséquilibre au niveau de la stabilité des écosystèmes a des implications sérieuses pour les régions ACP, notamment en matière de prédiction des changements climatiques et de la réduction de leur impact. Le cas de Haïti montre clairement comment la déstabilisation des écosystèmes accroît la vulnérabilité des populations. En 2004, près de deux mille Haïtiens ont péri dans une des tempêtes les moins violentes qui ont frappé l’île. La raison? La déforestation à outrance qui a mis les sols à nu.
L’agrobiodiversité contribue au capital naturel sur lequel reposent les économies du monde entier, et chaque fois qu’une espèce disparaît ou qu’un écosystème subit une dégradation irréversible, l’ensemble du capital naturel s’en trouve diminué. Les systèmes de production agricole contribuent à la conservation comme à la destruction de la diversité biologique. Des pratiques de culture et de récolte non appropriées, une mauvaise gestion des sols, la dégradation des écosystèmes et l’introduction d’espèces étrangères invasives menace ce capital naturel dans les pays ACP et contribue à la perte de variétés cultivées et de races animales. Par ailleurs, ce n’est qu’avec une bonne maîtrise de la biodiversité qu’il sera possible d’obtenir une production alimentaire adéquate, de nouveaux produits alimentaires ou des denrées alimentaires et des matières premières moins coûteuses, des moyens de subsistance durables, d’améliorer et de diversifier les sources de revenus, de gérer la santé publique (plantes médicinales), de maintenir la fertilité des sols et de conserver les milieux. Il est aussi possible d’identifier et de développer en partant des bonnes pratiques traditionnelles, des systèmes de production durable pour faire face à la sécheresse, au surpâturage et à l’érosion des sols. De nouvelles découvertes au niveau de la diversité génétique des plantes et des animaux peuvent également permettre d’obtenir des variétés cultivées et des races animales ayant une productivité plus élevée ou une moindre vulnérabilité aux ravageurs et aux maladies.

Pourquoi la biodiversité est-elle importante pour les pays ACP ?

Les zones mégadiverses contiennent un grand nombre d’espèces endémiques, et pourtant leur superficie totale de leur habitat ne couvre que 2,3% de celle de la planète. Le déclin de la biodiversité est un problème qui concerne l’ensemble de la planète et qui a été soulevé lors de la Conférence internationale sur la biodiversité « Biodiversité : science et gouvernance », qui s’est tenue à Paris en janvier 2005. Les pays ACP ne font pas exception, car ils abritent plusieurs zones mégadiverses. Chacune d’entre eux est confrontée à des menaces et les rapports indiquent qu’ils ont déjà perdu au moins 70% de leur végétation naturelle d’origine. En Afrique, cinq de ces zones reconnues sur le plan international (Les îles de l’ouest de l’océan Indien, la Région Floristique du Cap, la végétation succulente du Karoo, la forêt de la Haute Guinée (RDC) et les forêts de montagnes de l’Arc oriental de l’Afrique de l’Est) sont particulièrement menacées. Dans les îles des Caraïbes [Cuba, Hispaniola (République Dominicaine et Haïti), la Jamaïque et Porto Rico représentent 90% des zones mégadiverses des Caraïbes], des douzaines d’espèces sont menacées par la déforestation et le défrichement illicite. Dans le Pacifique, les îles de l’est de la Mélanésie sont des zones mégadiverses reconnues - 70% environ des milieux originels sont déjà détruits.

La diversité marine est beaucoup plus importante dans les régions tropicales que dans les régions tempérées ou arctiques. Dans les Caraïbes, 50% de la population vit dans les régions côtières ce qui exerce une pression encore plus grande sur l’environnement marin. Comme ces écosystèmes (notamment les mangroves) servent de lieux de reproduction des animaux marins et d’estuaire, ils réduisent les effets de l’érosion côtière et des ouragans. Du fait de la pression humaine sur le système côtier, les récifs de corail, les plantes marines et les mangroves sont parmi les écosystèmes menacés.

La combinaison cruciale d’une riche diversité et de connaissances traditionnelles (ethnoscience) permettrait d’obtenir de nouveaux produits comme, par exemple, des alicaments et des médicaments qui pourraient accroître les sources de revenu. Le marché de l’exportation du kawa ( Piper methysticum) dans la région du Pacifique illustre le potentiel des pays ACP à maîtriser leur riche biodiversité. L’évaluation en cours du mamala ( Homolanthus nutans) pour le traitement du SIDA, découvert dans les forêts de Samoa, est un autre exemple de la valeur intrinsèque de la biodiversité des ACP. Le monde développé est en quête de nouveaux produits à base d’herbes médicinales; l’entreprise allemande Sehwabe s’intéresse à l’umckaloabo ( Pelargonium reniforme), une plante médicinale découverte en Afrique, pour ses qualités antibiotiques.

Il reste encore beaucoup à découvrir. La diversité dans les petites îles est la conséquence de milliers d’années d’isolement physique par rapport aux continents ; qu’elle a permis à de nombreuses espèces de la faune insulaire d’évoluer isolément de leurs congénères présent sur d’autres continents avec pour conséquence un niveau élevé d’endémisme qui d’après certains rapports dépasse 80% dans de nombreuses îles. Un grand nombre d’espèces restent à découvrir et décrire sur le plan scientifique. La perte de ce trésor de la nature aurait un impact négatif sur l’évolution socio-économique des générations actuelles et futures.
Il faut insister sur le lien avec la biotechnologie, car la biodiversité fournit les matières premières du progrès technique, depuis la caractérisation initiale jusqu’à la mise au point d’un nouveau produit ; cela confère une valeur ajoutée à la richesse de la biodiversité. Celle-ci offre aux pays ACP des opportunités pour être compétitifs dans les biotechnologies.

L’absence de politiques et de mesures législatives appropriées menace cette richesse et les avantages qui peuvent en être tirés, en ayant un impact négatif sur les moyens de subsistance des générations actuelles et futures. Il est urgent de lutter contre la disparition des zones mégadiverses et des actions prioritaires et des politiques des gouvernements des ACP doivent refléter cette urgence.

Quels sont les défis scientifiques de la conservation et de l’utilisation de la biodiversité dans les pays ACP ?

Les raisons profondes de l’échec de la conservation et de l’utilisation de la biodiversité sont à rechercher dans la combinaison complexe de nombreux facteurs, mais l’analyse scientifique ouvre diverses pistes de solutions. La conservation et l’utilisation de la biodiversité, multidisciplinaires par nature, font appel à un large éventail de disciplines scientifiques comme la taxonomie, l’ingénierie écologique, la chimie, la biochimie, la pharmacologie et les biotechnologies avancées.

Il est essentiel de créer les compétences scientifiques pour soutenir les programmes de recherche concertée nécessaires pour profiter de tous les avantages offerts par la biodiversité, pour contribuer à la création de richesse et d’emplois et pour améliorer la santé. L’exode des cerveaux dans les pays ACP et la capacité limitée à former et à retenir des ressources humaines compétentes sont aggravée par l’absence d’une infrastructure adéquate et de mesures incitatives, ce qui contribue à réduire plus encore les ressources humaines disponibles et à même de maîtriser la biodiversité pour le plus grand bénéfice de ces pays.

Conservation

Dans les pays ACP, manquent cruellement les connaissances sur la biodiversité des espèces et des genres. Il est urgent de collecter et de caractériser les composantes de la biodiversité et d’approfondir la connaissance ainsi que les savoirs traditionnels associés à son utilisation et à sa conservation. La valorisation de ces savoirs indigènes (ethnoscience) relatifs aux pratiques et aux produits connexes est limitée et non coordonnée. Les technologies modernes comme la biotechnologie offrent de nouvelles opportunités de conservation et d’optimisation, mais elles n’ont pas été entièrement exploitées dans les pays ACP par manque de compétences et par l’inquiétude relative à l’impact négatif potentiel sur la diversité génétique d’une mauvaise gestion de la biotechnologie. La caractérisation et la connaissance approfondie des ressources génétiques, ainsi que l’évaluation des risques de nouveaux produits lors de leur manipulation, stockage et transport, ainsi que l’innocuité pour la consommation humaine et l’environnement restent des défis majeurs.

Utilisation

Les systèmes traditionnels d’exploitation agricole et de pêche sont souvent critiqués en raison de leur faible productivité et de ce fait, leur rôle dans la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité est souvent ignoré. La communauté scientifique des pays ACP devrait se mobiliser pour mener des recherches sur ces systèmes traditionnels de production et de récolte, connaître, et évaluer les mécanismes permettant d’optimiser la productivité. L’incapacité à apporter une valeur ajoutée limite également l’exploration du potentiel de la biodiversité de la région. Dans un tel cadre, il faut continuer à étudier les opportunités pour les sciences connexes (chimie, biologie et biochimie, génie chimique et environnemental, et biotechnologies) d’encourager l’utilisation des produits dérivés de cette riche biodiversité et de fournir des informations sur leurs avantages et risques potentiels, en se fondant sur la rigueur scientifique et la concertation.

Compétences nécessaires

Comprendre et démêler la complexité des divers éléments de la biodiversité et de leurs interactions avec l’environnement exige des compétences scientifiques particulières ; il faut développer et/ou renforcer les dispositions législatives relatives aux droits de propriété intellectuelle (DPI), les protocoles et la législation sur le partage des bénéfices, afin de s’assurer que tous les partenaires et pays profitent d’une meilleure utilisation de la biodiversité et des recherches menées dans les pays ACP. La priorité doit aller au développement de compétences nationales et régionales en DPI pour protéger et maîtriser pleinement la valeur économique de la biodiversité, et pour créer l’infrastructure de soutien.

Capacité institutionnelle

La communauté scientifique des pays ACP continue de travailler dans des conditions extrêmement difficiles. Elle dispose d’un accès limité à des outils de communication robustes et rapides, de ressources décroissantes et d’équipements obsolètes, l’accès est également limité aux finances et aux possibilités de formation des chercheurs (par exemple les bourses de recherche internationales). Ceci est aggravé par la faible priorité accordée à la conservation et à l’utilisation de la biodiversité dans les plans nationaux de développement socio-économique.
Quels sont les défis au niveau de la gouvernance de la conservation et de l’utilisation de la biodiversité dans les pays ACP?

Les défis au niveau de la gouvernance sont importants, car il existe une multiplicité d’accords internationaux (environ 54). La Convention sur la diversité biologique (CDB) est un accord juridiquement contraignant qui couvre l’ensemble de la biodiversité. La majorité des pays ACP ont ratifié cette convention, ce qui implique que les pays doivent œuvrer pour conserver leur diversité biologique et mettre en place des pratiques pour une utilisation durable. Cela suppose que les Etats ont le droit souverain d’exploiter leurs propres ressources. Cependant, la CDB n’a pas résolu le statut des collections de conservation ex situ préexistantes à la convention, ni les droits des agriculteurs, ou le partage des bénéfices. Ce sont les ministres de l’environnement qui ont négocié la CDB. Le récent Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (ITPGRFA) propose un système multilatéral pour 35 cultures considérées essentielles pour la sécurité alimentaire. Ce traité a été négocié par les ministres de l’agriculture. En complément de ces deux accords, les pays membres de l’OMC doivent mettre en place dans le cadre de l’Accord ADPIC, une protection des variétés végétales par de brevets ou un système sui generis. Pour répondre à cette exigence, plusieurs pays ont adhéré à l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV). A l’origine, l’UPOV a été créée pour la sélection variétale industrielle et semble peu pertinente pour plusieurs pays en développement. Elle est également consommatrice de ressources.

La nature et la complexité des nombreux accords internationaux exigent une approche concertée pour établir la législation régissant la conservation et l’utilisation de la biodiversité; elles exigent aussi un partage des informations, une communication et une collaboration entre les ministères, ainsi que les avis d’experts. Seule une approche concertée permettra de mettre en oeuvre pleinement ces accords en facilitant la mise en place de politiques d’accès aux ressources biologiques et de partage des bénéfices découlant de l’utilisation de celles-ci, ainsi que l’accès aux moyens de financement.

Les gouvernements doivent comprendre que la ratification de ces accords internationaux ne suffit pas ; il faut encore qu’ils soient appliqués au niveau national. Cette étape est malheureusement restée lettre morte. Les pays ACP ne pourront peut-être pas atteindre en 2010 les objectifs fixés dans la CBD. Il est urgent de préparer un rapport sur l’état de la biodiversité pour soutenir les demandes d’extension des pays ACP, et pour accéder aux financements nationaux, régionaux et internationaux des recherches scientifiques nécessaires pour respecter les obligations de la convention. La conservation et la gestion de la biodiversité sont essentielles au développement durable et à la croissance économique des pays ACP.

Il est non seulement urgent de se préoccuper de l’état de la biodiversité dans les pays ACP, des dispositions traditionnelles relative aux droits de propriété, à l’accès et, à l’utilisation de la biodiversité et des ressources naturelles ainsi que des connaissances traditionnelles qui y sont associées ; il s’agit là d’une composante des sociétés et des cultures de ces pays. Nombreuse sont les dispositions traditionnelles concernant la gestion des ressources qui soulèvent des problèmes d’égalité des sexes, d’équité et de résolution des conflits. Lorsque la communauté est propriétaire de ressources importantes, le gouvernement doit adopter des politiques de soutien qui encouragent une participation directe de la communauté locale dans la gestion durable des ressources et, à cette fin, l’aider à développer ses capacités. Les zones mégadiverses requièrent une attention particulière. Si des politiques et une législation sont nécessaires pour assurer leur protection, celles-ci ne doivent pas mettre en danger les moyens de subsistance des communautés dépendant de ces zones. Il faut trouver un équilibre entre la protection de la biodiversité et les droits des communautés indigènes.

Quelles sont les leçons tirées de la démarche scientifique et de bonne gouvernance ?

Le Costa Rica offre un bon exemple d’application de la démarche scientifique et de bonne gouvernance pour la gestion, la conservation et l’utilisation de la biodiversité. Les réserves de la biosphère et de la biodiversité représentent 25% du pays et sont gérées par la société civile (notamment INBio - L’institut national de la biodiversité) et le gouvernement. Le pays bénéficie également de la coopération internationale. Le succès du Costa Rica prouve que les progrès en matière de la conservation et d’utilisation de la biodiversité exigent un leadership politique, ainsi que l’élaboration et la mise en place de politiques claires et efficaces qui donnent la priorité à la biodiversité. L’établissement de priorités doit s’accompagner d’une allocation de ressources et d’un accroissement des capacités scientifiques. Le renforcement des capacités concerne non seulement la communauté scientifique mais aussi les communautés locales et autochtones qui devraient être formées pour mieux gérer et utiliser leurs ressources, car elles sont les gardiens de cet héritage. Il faut analyser leurs connaissances, les valoriser et les développer. Enfin, les exemples généralement cités montrent combien il est important de reconnaître et de valoriser les zones mégadiverses et de mettre en place des stratégies de gestion efficaces et durables.
Quelle est la responsabilité de la communauté scientifique ?

La communauté scientifique doit communiquer avec les décideurs pour leur faire comprendre que la conservation efficace et l’utilisation durable de la biodiversité sont essentielles pour la création de richesse et l’amélioration de la santé et des niveaux de vie. Des programmes de recherches et de développement (R&D) efficaces nécessitant la coopération du personnel scientifique et technique du secteur privé et de la société civile dans le cadre d’un continuum impliquant la recherche, la vulgarisation et le développement. Les scientifiques doivent

  • produire des connaissances et des informations sur la diversités des espèces et sur les taux d’extinction,
  • élargir leurs connaissances sur l’impact des changements climatiques et du déclin ou de la perte de la biodiversité sur les écosystèmes,
  • identifier et diversifier la gamme de produits commercialisés,
  • construire des alliances nationales, régionales et internationales pour combler les lacunes dans nos connaissances ; et
  • informer les décideurs des implications des conventions et des accords internationaux (par exemple sur la bioprospection) pour la biodiversité.

Quelle est la responsabilité du gouvernement?

Les gouvernements doivent jouer un rôle clé dans la maîtrise de la richesse de la biodiversité pour les générations actuelles et futures. Il est nécessaire d’appliquer les accords internationaux et d’établir des politiques nationales comportant des dispositions relatives à l’accès aux ressources biologiques et au partage des bénéfices découlant de l’utilisation de celles-ci ainsi qu’à la pleine reconnaissance des droits des communautés et des agriculteurs. Les gouvernements doivent encourager et promouvoir l’harmonisation au niveau régional des DPI, des conditions d’accès et de partage des bénéficies. Il est également nécessaire d’instaurer une coordination interministérielle et entre les agences. Les différents ministères engagés dans les négociations d’accords internationaux devraient communiquer et collaborer entre eux pour mieux comprendre leur pleine implication et faire participer des experts nationaux et régionaux aux délibérations.

Les gouvernements doivent améliorer les politiques de développement et accorder la priorité aux questions de biodiversité, comme le fait par exemple, le gouvernement malgache. Etablir des priorités implique une allocation de ressources pour le renforcement des capacités à tous les niveaux (institutionnel et humain), en étant conscient que l’insuffisance des ressources peut être souvent compensée par la coopération nationale et régionale.

Comme dans les pays ACP, les ressources sont la propriété de la communauté, les gouvernements doivent mettre en place des politiques de soutien à la participation directe des communautés locales à la gestion durable des ressources, et à cette fin, renforcer leurs capacités. La conception et l’application réussies de mesures incitatives requièrent la prise en considération des facteurs socioculturels ; les facteurs économiques sont importants mais ils ne sont pas les seuls déterminants des résultats de la gestion de la biodiversité.
Les partenariats entre les secteurs public et privé ainsi que les partenariats nationaux, régionaux et internationaux doivent être soutenus par des politiques et des mesures incitatives gouvernementales, aussi bien au niveau de la conservation que de la recherche et du développement nécessaires pour une utilisation durable et réussie de la biodiversité. Ces partenariats peuvent être encouragés en rétablissant la confiance dans le secteur public, grâce au renforcement ciblé des capacités et à l’établissement de priorités.
Enfin, il est nécessaire de faciliter et d’encourager la participation et la sensibilisation du public, ce qui implique la réforme des programmes à tous les niveaux du système éducatif. Le soutien public à la conservation et à l’utilisation de la biodiversité aidera considérablement les gouvernements à mettre en place leurs politiques.
Préparé par des scientifiques des pays ACP - Aggrey Ambali - Coordinateur du NEPAD / African Biosciences Initiative, République d’Afrique du Sud; Audia Barnett - Directeur du Conseil de la recherche scientifique de la Jamaïque; Afihini Ijani - Phytopathologiste principal, Tropical Pesticides Research Institute, Tanzanie; Palata Kabudi, Université de Kinshasa, République Démocratique du Congo; Maureen Manchouck - Présidente de l’Institut national de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la science et de la technologie de la République de Trinidad et Tobago; Fina Opio - Directeur de recherche, Namulonge Agricultural and Animal Production Research Institute, Organisation nationale de la recherche agronomique en Ouganda; Eric Quaye - Faculté des Sciences biologiques, Université de Cape Coast, Ghana; John Saka - Directeur, Natural Resources and Environment Centre, Université du Malawi, Malawi; et Mary Taylor, Conseillère régionale en matière de ressources génétiques, Secrétariat de la Communauté du Pacifique, en consultation avec Judith Ann Francis, Coordinateur principal de programme, Stratégies de science et technologie, Centre Technique pour la Coopération Agricole et Rurale aux Pays-Bas; Osita Ogbu, Directeur exécutif de l’African Technology Policy Studies Network et Albert Sasson, ancien Directeur Général de l’UNESCO, (CNCDH, France). Revu par Judith Ann Francis, CTA.

Approuvé et adopté par le Comité consultatif sur la science et la technologie pour le développement agricole et rural des Pays ACP, le 11 novembre 2005 au cours de la 4ème réunion de ce Comité, tenue au siège du CTA, Wageningen, Pays-Bas, du 7 au 11 novembre 2005.


Download DOC (67,50 kB)
November 2005
CTA, Wageningen, the Netherlands