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Exigence d’innovation pour les pêches et l’aquaculture africaines

Author: Dr Sloans Chimatiro, Conseiller Pêches au NEPAD, Afrique du Sud

Date: 25/05/2007

Introduction:

Le rôle des pêches en Afrique

Le secteur du poisson contribue de façon essentielle à satisfaire les besoins de sécurité alimentaire et nutritionnelle de 200 millions d’Africains et apporte des revenus aux 10 millions d’entre eux qui sont impliqués dans sa production, sa transformation et son commerce (voir tableaux 1 et 2). Le poisson est, de plus, devenu un produit d’exportation majeur, avec une valeur annuelle à l’export de 2,7 millions de dollars US (1).


 

Le changement climatique représente un facteur potentiellement négatif pour les communautés dépendant du poisson en raison des changements que des pluies extrêmement violentes ou de graves sécheresses peuvent causer aux habitats humains et aquatiques (voir annexe 1). Les gouvernements, seuls ou au niveau régional, doivent mettre en place des stratégies permettant de prévoir ces changements et de réduire au maximum leurs effets sur les communautés de pêcheurs (2) en leur permettant de s’adapter au changement climatique (3).

Tableau 1. Disponibilité en poisson de consommation en 2003 par continent, totale et par habitant.

. Disponibilité alimentaire totale (en millions de tonnes d’équivalent poisson frais) Disponibilité alimentaire par habitant (en kg par an)
Monde 104,1 16,5
Afrique 7,0 8,2
Amérique du Nord et centrale 9,4 18,6
Amérique du Sud 3,1 8,7
AAsie (Chine comprise) 69,4 40,1
Europe 14,5 19,9
Océanie 0,8 23,5

Source: FAO (2007)

Tableau 2. Pêcheurs et aquaculteurs du monde, par continent.

Total Année
1990 1995 2000 2003 2004
(‘000)
Afrique 1.832 1.950 2.981 2.870 2.852
Amérique du Nord et centrale 760 777 891 841 864
Amérique du Sud 730 704 706 689 700
Asie 23.736 28.096 34.103 36.189 36.281
Europe 626 466 766 653 656
Océanie 55 52 49 50 54
Monde 27.737 32.045 39.495 41.293 41.408
Dont aquaculteurs
Afrique 3 14 83 117 117
Amérique du Nord et centrale 3 6 75 62 64
Amérique du Sud 66 213 194 193 194
Asie 3,738 5.986 8.374 10.155 10.837
Europe 20 27 30 68 73
Océanie 1 1 5 5 4
Monde 3.832 6.245 8.762 10.599 11.289

Source: FAO (2007)

Le « Plan d’action pour le développement des pêches et de l’aquaculture africaines » du NEPAD est une réponse stratégique aux défis qui sont posés au secteur du poisson au moment où la surexploitation des stocks halieutiques atteint des niveaux insoutenables. La production aquacole n’a pas encore atteint son plein potentiel. Le Plan demande que des investissements stratégiques soient faits très rapidement pour s’assurer que le secteur africain du poisson puisse contribuer dans l’avenir à la réduction de la pauvreté, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et au développement économique de la région. En règle générale, il est nécessaire d’investir pour :

  1. renforcer la capacité scientifique à conduire une recherche englobant toute la filière poisson, de la production à la consommation, y compris le maintien de la base génétique de la ressource et les questions de sécurité alimentaire ;
  2. améliorer la gestion des réserves halieutiques ;
  3. développer la production aquacole ;
  4. améliorer le commerce du poisson sur les marchés locaux, régionaux et mondiaux.

Il faut renforcer les capacités, au niveau national et régional, de façon à produire des données et à échanger informations et savoirs dans le domaine des sciences, des techniques et de l’innovation à travers les frontières. Ce renforcement des capacités doit également porter sur la mise au point des politiques.

État et priorités de la recherche et du renforcement des capacités

Quarante-quatre pour cent (4) des organismes de recherche africains présentent des faiblesses en matière de pêche et d’aquaculture, ce qui conduit à un manque de compréhension général et stratégique des défis auxquels le secteur doit faire face et de l’importance de la recherche pour le développement dans ce domaine. Trois facteurs limitent la recherche et le développement : l’insuffisance des fonds, le manque de personnel de recherche qualifié et la faiblesse de l’infrastructure de recherche (FAO, 2006). Il existe également une faiblesse générale en termes de capacité scientifique à prendre en charge le recensement des ressources halieutiques qui sera désormais nécessaire à la gestion des pêches. Il faut subventionner davantage la formation de chercheurs spécialisés et l’établissement de véritables passerelles entre enseignement et recherche, de façon à ce que les communautés universitaires et scientifiques soient en prise directe avec les besoins du secteur. Les cadres politiques et les planificateurs seraient capables de mieux guider les prises de décision si l’on pouvait disposer de données scientifiques pertinentes sur le secteur des pêches et de l’aquaculture, et cela améliorerait également la cohérence des politiques scientifiques, techniques et de l’innovation nationales et régionales. Les priorités clés comprennent la planification et la gestion des ressources halieutiques, la gestion post-capture, la transformation et la commercialisation, la mise au point de standards, le développement du secteur aquacole en Afrique et le commerce et l’exportation du poisson.

Gestion des ressources halieutiques

Des plans de gestion sur le long terme, basés sur des données scientifiques, sont la clé d’une récolte bien menée et durable des ressources halieutiques des mers et des eaux douces. Des plans de gestion de ce type (5) sont nécessaires à l’Afrique et devraient prendre en compte le fait que le poisson est par nature transfrontières et que beaucoup de communautés de pêcheurs sont elles-mêmes migratrices. Cela demande une harmonisation des lois et des cadres institutionnels (6) et un alignement avec le « Code de conduite pour une pêche responsable » de la FAO. La science et la mise en place de politiques sont le socle sur lequel peuvent être construits des plans de gestion qui devraient tenir compte des ressources halieutiques, des tendances de la demande et des politiques commerciales, tout en améliorant l’innovation technique parmi les pêcheurs et les transformateurs. Des mesures de suivi, contrôle et surveillance (SCS) et le développement de capacités en matière de TIC sont des opportunités à saisir pour le secteur du poisson. Dans de nombreux cas, les plans de gestion devront affronter la nécessité douloureuse – d’un point de vue politique et social – de devoir restreindre la pêche, qu’elle soit artisanale ou à grande échelle. Il est, de plus, nécessaire d’étudier les accords qui régulent l’accès des flottes de pêche étrangères au poisson africain, de les examiner du point de vue de la durabilité à long terme des ressources halieutiques et des opportunités de développement économique qu’elles pourraient créer dans les pays hôtes.

Gestion des opérations post-capture

En Afrique, on estime les pertes post-capture à hauteur de 20 à 25 % (7), ce qui signifie que la productivité de la pêche africaine peut être significativement augmentée par l’amélioration de la gestion des opérations post-capture. Des processus efficaces de planification participative intégrant les acteurs légitimes de plein droit (communautés riveraines, secteur privé) et conduisant à une cogestion durable doivent être mis en place et s’appuyer sur une législation appropriée. Il faut développer et adapter aux conditions locales des technologies post-capture simples, bon marché et basées sur les savoirs indigènes, de façon à réduire de moitié au moins les pertes post-capture (8).

Développement de l’aquaculture

La consommation de poisson par habitant en Afrique subsaharienne a diminué, passant de 9,9 kg en 1982 à 7,6 kg en 2003. L’aquaculture était censée renverser cette tendance. Le développement de l’aquaculture en Afrique n’a pas eu lieu comme prévu, en raison aussi bien de la faiblesse des investissements – à trop court terme de surcroît – dans l’appui technique aux aquaculteurs que de l’échec patent des mécanismes du secteur privé à fournir des alternatives (9). Le secteur peut croître si l’on renforce les capacités techniques des chercheurs, des vulgarisateurs et des aquaculteurs et si l’on garantit la demande des consommateurs. Des technologies qui permettent d’accroître la productivité (un alevinage et une alimentation de qualité, par exemple), une expansion des zones d’aquaculture, de meilleures pratiques de gestion des systèmes de production et une amélioration de la qualité du produit final : tout cela est disponible dans de nombreuses régions, y compris en Afrique même. Il est vrai que les pêcheurs à faibles ressources ont du mal à accéder à ces technologies et ces compétences et à se les approprier. Il est nécessaire de mettre en place un environnement public-privé favorable dans le cadre d’une stratégie de développement continu – dans les limites des ressources disponibles (FAO, 2006).

Le renforcement des capacités scientifiques, techniques et d’innovation devrait se focaliser sur les compétences techniques nécessaires pour identifier et adapter les technologies aquacoles existantes et aider les pêcheurs à les utiliser pour produire plus de poisson tout en réduisant les risques : maladies ou dangers de contamination biologique dans le cas des espèces nouvellement introduites. La FAO (2006) considère qu’une communication et un transfert de connaissances efficaces, s’appuyant sur une technologie moderne de l’information, sont susceptibles d’améliorer le niveau général de connaissances et de compétences dans le monde et de connecter les aquaculteurs africains à leurs collègues des autres continents. Les chercheurs, vulgarisateurs et aquaculteurs africains devraient tirer parti des progrès rapides de l’infrastructure de l’information, s’investir dans les TIC et puiser dans le réservoir mondial des connaissances aquacoles. L’Afrique peut tirer les leçons de l’expérience asiatique en matière de développement de l’aquaculture ; l’information peut être partagée via des réseaux régionaux aquacoles, comme le réseau des centres d’aquaculture d’Asie-Pacifique (NACA). Des partenariats public-privé sont nécessaires pour identifier et utiliser les technologies adaptées à la production locale de poisson par de grandes entreprises commerciales.

Commerce

Le commerce mondial du poisson et des produits de la pêche a atteint en 2004 une valeur record de 71,5 milliards de dollars US (valeur à l’export), ce qui représente une croissance de 23 % par rapport à 2000 et de 51 % par rapport à 1994 (FAO, 2007). La libéralisation des échanges s’est traduite par une réduction des droits de douanes et à permis à l’Afrique de mieux pénétrer les marchés internationaux. De ce fait, l’Afrique est devenue d’une manière générale exportatrice nette de poisson depuis 1985. Des études récentes ont montré que les exportations de poisson faisaient partie des dix premières sources de revenus à l’exportation pour le Ghana, le Kenya, la Namibie et le Sénégal. Les revenus du commerce international de poisson contribuent à garantir la sécurité alimentaire de ces pays : les recettes servent à acheter des produits alimentaires (FAO, 2005).

Les exportateurs africains continuent cependant à subir les contraintes des barrières non douanières, techniques et autres ; l’Union européenne, par exemple, a promulgué une législation spécifique pour le poisson (10). Elle est destinée à garantir l’hygiène dans la production et la manipulation du poisson ainsi que la fraîcheur des produits, et introduit le système d’analyse des risques aux points critiques (HACCP) dans les installations de transformation du poisson. Une bonne part des cargaisons de poisson est rejetée ou détruite aux ports d’entrée parce qu’elle ne répond pas aux critères de qualité et d’hygiène alimentaire décrétés par les pays importateurs (voir tableau 3). L’harmonisation des mesures et des standards sanitaires et phytosanitaires est de ce fait essentielle si l’on veut arriver à un commerce optimal du poisson au niveau régional et international. L’Afrique doit de plus développer ses infrastructures pour se mettre en conformité avec le système HACCP, particulièrement en ce qui concerne les points de débarquement et les installations de transformation. Le continent doit encourager la mise en place de standards régionaux d’assurance qualité pour les laboratoires d’analyses (Chimatiro, 1998 ; Chimatiro et Heck, 2006).

Tableau 3. Performances des différents continents à l’export vers l’Union européenne.

. 1999 2000 2001 2002
. Cas limites / 100 000 tonnes Rang Cas limites / 100 000 tonnes Rang Cas limites / 100 000 tonnes Rang Cas limites / 100 000 tonnes Rang
Vers l’UE . . . . . . . .
Océanie - 1 - 1 5,9 5 - 1
Amérique du Nord - 1 1,0 3 1,1 2 0,7 2
Europe (hors UE) 0,1 3 0,3 2 0,3 1 1,0 3
Amérique du Sud et centrale 1,8 4 4,8 4 2,8 3 5,9 4
Afrique 7,0 5 5,7 5 4,4 4 6,2 5
Asie 12,9 6 13,9 6 16,4 6 51,5 6

Source: FAO (2005)

Quoique l’exportation de poisson africain soit une activité économique importante pour de nombreux pays, il faut promouvoir la commercialisation locale du poisson et développer les infrastructures de marché, car cela est susceptible de contribuer à la réduction de la pauvreté et de la faim, comme l’indique le premier Objectif du Millénaire pour le développement (11). Afin de maîtriser et d’amplifier l’impact des nouvelles opportunités du commerce du poisson et ses effets accélérateurs sur la réduction de la pauvreté et sur la sécurité alimentaire, l’Afrique doit mettre en place le savoir-faire scientifique et technique nécessaire pour améliorer la commercialisation et les échanges de poisson au niveau local, national et mondial, qui sont un aiguillon du développement économique.

La solution pour renforcer les capacités scientifiques, techniques et d’innovation et les interventions publiques

Des organismes comme le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), le Forum de recherche agricole en Afrique (FARA) et leurs partenaires reconnaissent l’importance des sciences, des techniques et de l’innovation pour le développement et sont tombés d’accord sur un certain nombre de priorités pour la recherche, le renforcement des capacités et la diffusion de l’information, que l’on peut trouver dans le « Plan d’action du NEPAD pour le développement des pêches et de l’aquaculture africaines » (NEPAD Action Plan for the Development of African Fisheries and Aquaculture) et la « Consultation régionale des parties prenantes : coordination de la recherche en appui au plan d’action du NEPAD et de l’Union africaine pour le développement des pêches et de l’aquaculture africaines » (Regional Stakeholder Consultation: Research coordination in support of the AU/NEPAD Action Plan for the Development of African Fisheries and Aquaculture) (FARA, sous presse). Ces priorités comprennent : le besoin des organismes de recherche sous-régionaux de faire complètement rentrer la pêche et l’aquaculture dans leurs programmes de travail ; l’établissement d’un ordre du jour de la recherche au niveau régional pour permettre aux pays de résoudre ensemble les problèmes qui leur sont communs ; l’examen des programmes de formation à tous les niveaux pour s’assurer qu’ils traitent des priorités de développement dans les pêches et l’aquaculture ; la diffusion de l’information pour tirer parti de tous les réseaux régionaux et locaux disponibles.

Le renforcement des capacités personnelles est indispensable au développement durable des pêches et de l’aquaculture ; des ressources personnelles de qualité permettront de déclencher le développement de technologies, de législations et de plans de gestion plus efficaces. Il faut améliorer l’apprentissage mutuel et le partage des savoirs, technologies et innovations pratiques par les pêcheurs, les aquaculteurs, les vulgarisateurs, les chercheurs et les politiques ; il faut pour cela créer des plates-formes d’innovation à tous les niveaux : local, national et régional.

Notes

  1. NEPAD (2005). NEPAD Action Plan for the development of African fisheries and aquaculture.
  2. Allison et al. (2005). Effects of climate change on the sustainability of capture and enhancement fisheries important to the poor.
  3. UNEP (2006). New Report Underlines Africa’s Vulnerability to Climate Change.
  4. FARA (2006). An assessment of the requirements for efficient effective and productive national agricultural research systems in Africa.
  5. Ces plans de gestion à long terme, bases sur des données scientifiques, couvrent des périodes de 5 ans ou plus.
  6. La Southern African Development Community (SADC), par exemple, travaille à l’harmonisation des cadres réglementaires de pêches en se basant sur son propre protocole sur les pêches.
  7. Ames (1992). The kinds and levels of post-harvest losses in African inland fisheries. FAO. Post-harvest losses in artisanal fisheries.
  8. NEPAD (2005). NEPAD Action Pan for the development of African fisheries and aquaculture.
  9. Muir et al. (2005). HIDDEN HARVESTS: Unlocking the Potential of Aquaculture in Africa. NEPAD Technical Review Paper on Aquaculture.
  10. Ces conditions sanitaires sont stipulées dans les directives 91/493/EEC et 91/492/EEC.
  11. Objectif du Millénaire pour le développement n° 1 : éradiquer l’extrême pauvreté et la faim.

Références

Allison E.H., Adger N.W., Badjeck M.-C., Brown K., Conway D., Dulvy N.K., Halls A., Perry A., Reynolds J.D., 2005. Effects of climate change on the sustainability of capture and enhancement fisheries important to the poor: Analysis of the vulnerability and adaptability of fisherfolk living in poverty. Department for International Development (UK) project number: R4778J.

Ames G.R., 1992 The kinds and levels of post-harvest losses in African inland fisheries. In: Teutscher F. (éd.), 1992. Actes du symposium « Post-harvest fish technology », Le Caire, Égypte, octobre 1990. FAO CIFA Technical Paper 19.

Chimatiro S.K., 1998. Aquaculture production and potential for food safety hazard in sub-Saharan Africa: with special reference to Malawi. International Journal of Food Science and Technology, 33 : 169-176.

Chimatiro S.K., Heck S., 2006. Eastern and Southern Africa Economic Partnership Agreement with the European Union. Discussion paper prepared for COMESA on Inland Fisheries and Aquaculture Negotiation Strategy and Position.

FAO, 2005. Responsible fish trade and food security. Kurien J. (éd.). FAO Fisheries Technical Paper No. 456, Rome, Italie.

FAO, 2007. The state of world fisheries and aquaculture, 2006. FAO Fisheries and Aquaculture Department, Rome, Italie.

FARA, 2006. An assessment of the requirements for efficient effective and productive national agricultural research systems in Africa. Forum for Agricultural Research in Africa, Accra, Ghana.

FARA (sous presse). Regional Stakeholder Consultation: Research coordination in support of the AU/NEPAD Action Plan for the Development of African Fisheries and Aquaculture. FARA Secretariat, Accra, Ghana, 6-7 novembre 2006.

Handisyde N.T., Ross L.G., Badjeck M.-C., Allison E.H., 2006. The effects of climate change on world aquaculture: A global perspective.

Mbithi-Mwikya, 2006. Fisheries Access agreements: Trade and Development issues. International Centre for Trade and Sustainable Development (ICTSD), Issue Paper No. 2, Genève, Suisse.

Muir et al., 2005. HIDDEN HARVESTS: Unlocking the Potential of Aquaculture in Africa. NEPAD Technical Review Paper on Aquaculture. New Partnership for Africa’s Development (NEPAD), Johannesbourg, Afrique du Sud.

NEPAD, 2005. NEPAD Action Plan for the development of African fisheries and aquaculture. New Partnership for Africa’s Development (NEPAD), Johannesbourg, Afrique du Sud.

UNEP, 2006. New Report Underlines Africa’s Vulnerability to Climate Change.

WorldFish Centre, 2006. T he threat to fisheries and aquaculture from climate change. Policy brief, Penang, Malaisie.

Annexe 1. Impacts du changement climatique sur les pêches et l’aquaculture.

Causes de changements Impacts sur les systèmes d’aquaculture et de pêche Effets
Augmentation de la température des eaux douces et saumâtres. Réduction des stocks de poisson. Augmentation de la stratification et diminution du brassage des eaux dans les lacs, avec comme première conséquence la réduction de la productivité, puis la réduction des ressources alimentaires des poissons.
Dans certains cas, augmentation des stocks de poisson pour la pêche ; dans d’autres, ralentissement de la croissance quand les ressources alimentaires des poissons n’augmentent pas à la même vitesse que la température. Dans certains cas, bénéfice pour l’agriculture, notamment en systèmes intensifs et semi-intensifs d’étang. L’augmentation du métabolisme entraîne une hausse du niveau d’alimentation et une croissance des poissons si la qualité des eaux, les niveaux d’oxygène dissous et les ressources alimentaires sont adéquats. Sinon, baisse possible du niveau d’alimentation et de la croissance. Possibilité d’amélioration de la productivité primaire.
Bénéfice nul en aquaculture, autant d’opportunités perdues que gagnées. Possibilité de changements dans les espèces de poissons pêchées. Déplacement géographique de certaines espèces et changements dans les tailles des individus capturés.
Altération des stocks et de la composition spécifique des pêches. Pour l’aquaculture, altération spécifique et possibilité d’augmentation des pertes dues aux maladies (et donc augmentation des coûts opérationnels). Possibilité d’augmentation des investissements nécessaires pour des équipements d’aération ou pour des étangs plus profonds. Dégradation de la qualité des eaux, particulièrement en termes d’oxygène dissous. Changements dans la gamme des pathogènes, des prédateurs et des concurrents. Introduction d’espèces envahissantes.
Perte potentielle d’espèces, ou changements dans les tailles pêchées. Impact sur la disponibilité des alevins en aquaculture. Changements dans l’époque des migrations, du frai et de l’abondance maximale.
Changements dans la température de surface de la mer. Pour l’aquaculture, changements dans les infrastructures et les coûts opérationnels à cause de l’aggravation des infestations d’organismes obstructifs, de ravageurs, d’espèces nuisibles et/ou de prédateurs. Pour les pêches, impacts sur l’abondance et la composition spécifique des stocks de poisson. Invasions plus fréquentes d’algues nuisibles. Moins d’oxygène dissous. Augmentation de l’incidence des maladies et parasites. Altération des écosystèmes locaux avec des changements en termes de compétiteurs, de prédateurs et d’espèces envahissantes. Changements dans la composition du plancton.
Croissance potentielle de la production et du profit, particulièrement pour l’aquaculture. Allongement des périodes de croissance. Diminution de la mortalité naturelle hivernale. Amélioration du métabolisme et des taux de croissance.
Bénéfices potentiels pour l’aquaculture et les pêches, pouvant être compensés par les changements dans la composition spécifique. Amélioration de la productivité primaire.
. Perte potentielle d’espèces ou changements dans la composition des captures de pêche. Impact sur la disponibilité en alevins pour l’aquaculture. Impact sur les migrations (calendrier, réussite), le frai et l’abondance maximale, ainsi que sur le sex ratio.
Bénéfice nul en aquaculture, autant d’opportunités perdues que gagnées. Possibilité de disparitions d’espèces et de changements dans les espèces de poissons pêchées. Déplacement géographique de certaines espèces et changements dans les tailles des individus capturés.
Réduction du recrutement des espèces d’élevage. Dégâts accrus des vagues sur les infrastructures, inondations dues aux tempêtes. Dégâts sur les récifs de corail qui servent d’habitat et de lieu d’alimentation et pourraient aider à protéger les côtes de l’action des vagues (cette action devenant plus forte avec l’augmentation du niveau des mers).
Changements dans la nature des précipitations (quantité, époque, lieu) affectant la disponibilité en eau. Les changements dans les taux d’évaporation peuvent être également significatifs. Altération de l’abondance et de la composition des ressources halieutiques. Impact sur la disponibilité en alevins pour l’aquaculture. Changements dans les migrations du poisson, dans les schémas de recrutement et dans leurs chances de succès.
Altération de la distribution, de la composition et de l’abondance des stocks de poisson. Pêcheurs obligés de se déplacer plus et de déployer plus d’efforts. Changements dans le niveau des lacs et des rivières, dans leur taille et dans la nature des mouvements de l’eau en surface.
Coûts plus élevés pour maintenir les étangs à niveau et à cause des pertes de stocks. Réduction de la capacité de production. Conflits entre usagers de l’eau. Changements dans les espèces élevées. Moins d’eau disponible pour l’aquaculture. Moins bonne qualité de l’eau, entraînant plus de maladies. Conflits accrus entre usagers de l’eau. Altération et manque d’eau douce avec de plus grands risques de sécheresse.
Augmentation du niveau de la mer. Réduction des zones disponibles pour l’aquaculture. Perte de pêches d’eau douce. Pertes de terres.
Modifications dans l’abondance, la distribution et la composition spécifiques des stocks de poissons et d’alevins. Modifications dans les systèmes d’estuaire.
Impact négatif sur la pêche en eau douce. Diminution de la disponibilité d’eau douce pour l’aquaculture, passage à une aquaculture d’eau saumâtre. Pénétration d’eau salée dans la nappe phréatique.
Réduction du recrutement et des stocks pour les pêches et l’alevinage. Aggravation de l’exposition aux vagues et aux tempêtes et risques d’inondations pour l’aquaculture continentale. Perte d’écosystèmes côtiers tels que les mangroves.
Accroissement de l’intensité et/ou de la fréquence des tempêtes. Pertes de stocks ou d’installations en aquaculture, pertes de matériel de pêche. Impacts sur le recrutement de poisson sauvage et sur les stocks. Plus grands risques personnels pour les pêcheurs. Investissements accrus pour le renforcement des amarrages de cage, des talus d’étangs, des jetées, etc. et coût accru des assurances. Grosses vagues et tempêtes soudaines. Inondations continentales à cause d’intenses précipitations. Variations de la salinité. Lors des inondations, introduction de maladies ou de prédateurs dans les installations d’aquaculture.
Sécheresse. Perte de stocks de poisson sauvage et d’élevage. Augmentation des coûts de production. Manque à gagner en raison d’une production limitée. Baisse de la qualité et de la disponibilité de l’eau pour l’aquaculture. Variations de la salinité.
Réduction des stocks de poisson sauvage, concurrence intensifiée sur les zones de pêche et déplacements accrus pour les pêcheurs. Modifications de niveau des lacs et de débit des rivières.
El Niño. Changements dans la distribution et la productivité des pêches de haute mer. Déplacement géographique et temporel des remontées d’eau et des courants océaniques, affectant la disponibilité alimentaire des eaux de surface et par conséquent la productivité primaire.
Réduction de la productivité de la pêche sur récif. Changement dans la température de l’océan entraînant le blanchissement du corail.
Voir impacts sur les précipitations, sécheresses et inondations ci-dessus. Les changements dans le régime des précipitations amènent inondations et sécheresse.

Source: Handisyde, et al (2006) ; The WorldFish Centre (2006)

25/05/2007