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Agriculture sur les terres arides

Profondément préoccupé par l’aggravation de la désertification, notamment en Afrique, le Secrétaire général des Nations unies a proclamé l’année 2006 Année internationale des déserts et de la désertification. Les articles de fond associés à ce dossier ont été rédigés par le Dr Wellington Ekaya, de l’Université de Nairobi au Kenya, et le Dr Mary Tiffen (Royaume-Uni). Ce dossier propose également des liens vers un large éventail de ressources – disponibles au sein des pays ACP, de l’UE et d’autres régions du monde – permettant de tirer des leçons afin de soutenir les politiques d’intervention en matière de recherche. Les informations présentées dans ce dossier viennent étayer le partenariat stratégique qui s’est développé au début du mois de janvier 2007 entre le CTA et ses partenaires internationaux, régionaux et nationaux, pour la mise en œuvre d’un projet de coopération internationale (INCO) financé par l’UE dans le cadre du 6ème FED (programme du Fonds européen de développement). Ce projet vise à identifier les modèles de réussite découlant du projet AIDA (projet Innovation agricole en zones arides africaines / Agricultural Innovations in Dryland Africa) pour en déterminer les facteurs clés de succès.

Dans de nombreuses régions arides d’Afrique, la plupart des terres convenant à la culture sont déjà exploitées en raison de l’expansion des populations rurales. Cela signifie que la terre est devenue une ressource rare. Ceux qui veulent agrandir une exploitation le font en achetant ou en louant des terres, ou, dans certains cas extrêmes et à condition d’en avoir le pouvoir, en s’en emparant ou en les confiscant. Dans de telles zones, la jachère n’est plus possible. Pour maintenir la fertilité, les agriculteurs doivent se tourner vers d’autres stratégies, telles que la fumure ou l’utilisation d’engrais chimiques. Par ailleurs, il y a également peu de terres disponibles pour le pacage communal, sauf peut-être sur les bords des chemins. Pour l’agriculteur, les résidus de culture et les herbacées de saison sèche ont désormais une valeur réelle. Voilà où l’on en est dans toutes les zones où la densité de population dépasse les 40 habitants au km2. La façon dont les terres se sont peuplées peut être illustrée par les changements qui se sont produits dans l’ancienne province du Kano au Nigeria, entre 1960 et 1991 (figure 1). Là, les agriculteurs à la recherche de nouvelles terres doivent quitter leur pays d’origine, car il n’y a plus de terres disponibles, ni au Nord, près de la frontière nigérienne, ni dans la brousse jadis infestée de tsé-tsé du Sud (Tiffen 2001). C’est également le cas au Sénégal (Ba et al., 2000). Il reste dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest des terres cultivables disponibles aux portes des déserts – où l’agriculture comporte des risques conséquents, comme par exemple au Niger –, ou dans ce que l’on appelle la « ceinture centrale » de l’Afrique de l’Ouest, là où les nouveaux occupants défrichent la brousse et repoussent la mouche tsé-tsé. Dans la plus grande partie du Kenya et une grande partie de l’Ouganda, la terre est rare, mais il y a en Zambie et au Zimbabwe comparativement plus de terres non cultivées et non revendiquées.Figure 1. Les changements de densité de population dans l’ancienne province du Kano. 08/02/2007
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Les zones arides couvrent en Afrique environ 43 % de la surface du continent, sans compter les déserts. Ces zones abritent environ 40 % des Africains, soit à peu près 268 millions d’habitants. Les zones cultivables y sont rares, et les exploitations ont tendance à rapetisser. Les ressources en pâturage sont soumises à une pression croissante et les sols sont sévèrement touchés par la salinisation due à l’irrigation intensive. La liste des défis est bien longue.Dans une perspective générale, les raisons suivantes justifient l’intérêt qu’il convient de porter aux zones arides : Les habitants des zones arides constituent une bonne part de l’humanité la plus pauvre. Selon l’Index de développement humain du Fonds de développement des Nations unies, plus de la moitié des pays les moins avancés se trouvent dans les zones arides de l’Afrique. Il est hautement improbable que l’on puisse atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) si l’on n’arrive pas à réduire la pauvreté de façon significative dans les zones arides. Ce sont d’importants conservatoires de biodiversité pour le monde et elles constituent un aspect capital de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies. À cause de leurs vastes étendues, les zones arides peuvent être des réservoirs de carbone conséquents. Les caractéristiques de l’écosystème qui déterminent le volume de carbone qu’il est possible de séquestrer sont notamment les précipitations, les températures, la concentration en CO2, la productivité, les combinaisons d’espèces, la physionomie de la végétation, les types de sols et la profondeur d’enracinement des herbacées. Des zones arides nues augmentent les risques de mutations d’usage des sols dans un contexte de changement climatique. Les zones arides apportent une contribution significative au produit intérieur brut (PIB), notamment en termes de produits de l’élevage et de céréales alimentaires, mais aussi de tourisme et d’autres activités. 08/02/2007
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