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La biodiversité au cœur du développement durable

Author: Chris Maas Geesteranus

Date: 26/02/2006

Introduction:

Depuis maintenant plusieurs décennies, il est inscrit à l'agenda international qu’il faut trouver des réponses aux menaces qui planent sur l’environnement et à l'érosion de la biodiversité. Pourtant, la formulation des questions environnementales évolue lentement. On constate une tendance à définir ces questions en termes environnementaux sectoriels: sol, air, eau et nature (conservation). Cette approche a certes constitué un premier pas important car, en s'attaquant à ces questions, on contribuait à la conservation directe de la nature qui était menacée.

Depuis, la majorité des États nationaux a décidé (WSSD, Johannesburg, 2002) de faire un nouveau pas sur la voie de la conservation et de la réduction de la pauvreté, en adoptant l'idée de société «durable» (voir le Plan de mise en œuvre). Ce concept était en grande partie fondé sur deux autres idées des Nations unies : l'une concernant le développement et l'autre la biodiversité. La première est exprimée dans les Objectifs du millénaire pour le développement (voir et la Déclaration de l'Assemblée générale des Nations unies, septembre 2002). La seconde repose sur la Convention sur la diversité biologique (CDB, Rio de Janeiro, 1992). Les objectifs de cette convention sont triples: «la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques, notamment grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert approprié des techniques pertinentes, compte tenu de tous les droits sur ces ressources et aux techniques, et grâce à un financement adéquat».


 

Dans cet esprit, divers groupes travaillant au sein de la CDB ont élaboré quelques-uns des principes mentionnés, par exemple l'«approche écosystème» (voir Shepherd, G., 2004: The Ecosystem Approach; Five Steps to Implementation, UICN) et les «principes et directives d'Addis-Abeba» qui visent l'exploitation durable de la biodiversité (voir le site Internet de la CDB).

Qu'entend-on donc par biodiversité ? Aux termes de la CDB : «La diversité biologique, ou biodiversité, désigne la variabilité de la vie sur la terre et les modèles naturels qu’elle constitue. La diversité s'entend souvent en termes de vaste variété des plantes, des animaux et des micro-organismes. À ce jour, environ 1,75 million d'espèces ont été recensées, pour la plupart de petites créatures telles que les insectes».

«La biodiversité inclut également des différences génétiques au sein de chaque espèce, par exemple entre variétés de cultures et espèces d'animaux».

«Toutefois, un autre aspect de la biodiversité est la variété des écosystèmes, tels ceux qui se trouvent dans les déserts, les forêts, les terres humides, les montagnes, les lacs, les rivières et les paysages agricoles. Dans chaque écosystème, des créatures vivantes, y compris des créatures humaines, forment une communauté, interagissant les unes avec les autres et avec l'air, l'eau, et le sol qui les entourent.»

Biodiversité n'est pas synonyme de nature, comme on le dit souvent; c'en est plutôt un aspect, une caractéristique sur différents plans: les gènes, les espèces et les écosystèmes. Avec cette convention, l'intérêt porté dans le monde entier aux mesures de conservation au sens propre englobe maintenant des dimensions sociale et économique. Autrement dit, les parties qui ont signé et ratifié cette convention (187 pays et la Communauté européenne) ont compris que la conservation de la nature ne peut plus s’obtenir uniquement par des mesures de conservation.

Écosystèmes et besoins humains

Devant la complexité croissante et l'avancement technologique des sociétés humaines, on a facilement l'impression de ne plus dépendre de systèmes naturels. Une proportion de plus en plus grande de la population vit en milieu urbain, dans des environnements dominés par des structures et des machines construites par l'être humain. Même dans les zones rurales, la conservation des espaces naturels est souvent considérée comme un luxe qui a peu de rapports avec le bien-être de la population locale (voir Vivre au-dessus de nos moyens: actifs naturels et bien-être humain; déclaration du conseil d’administration de l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, p. 6).

Il apparaît peut-être que les individus ont pris leurs distances vis-à-vis de la nature; cette impression toutefois est trompeuse: ils dépendent toujours des services offerts par la nature. On peut donc établir un lien direct entre les «écosystèmes» et la satisfaction des besoins humains, les «services écologiques». Divers types d'écosystèmes, ceux par exemple qui sont mentionnés ci-dessous, fournissent un bouquet de services aux populations humaines. Leur capacité à assurer ces services dépend d’interactions biologiques, chimiques et physiques complexes qui sont à leur tour influencées par les activités humaines. Les écosystèmes peuvent se répartir dans les catégories suivantes:

  • montagnes et régions polaires,
  • eaux intérieures,
  • terres cultivées,
  • littoral,
  • forêts et régions boisées,
  • zones arides,
  • zones urbaines,
  • îles,
  • zones marines.

Prenons, par exemple, l'écosystème «eaux intérieures» de la liste. Parmi les services fournis par ce type d'écosystème, on peut mentionner l’eau douce, la nourriture, la rétention et le transport des sédiments, les loisirs et le tourisme.

La thèse intéressante selon laquelle les écosystèmes satisfont des besoins humains repose sur l'idée que la grande priorité du développement mondial n'est plus seulement la réduction de la pauvreté mais aussi le maintien de ces fonctions. En posant cette appréciation, nous avons atteint une situation qui dépasse le «luxe» relatif consistant à conserver une nature pure et intacte: c'est le fonctionnement même de l'ensemble de la planète et de tous ses éléments qui est en jeu. Cela signifie peut-être que les gouvernements ne pourront réaliser leurs politiques orientées vers les Objectifs du millénaire pour le développement (OM ; voir ci-dessus) qu'à condition d’inscrire cette «approche écologique» parmi leurs principes stratégiques.

La mise en œuvre de la CDB par les Pays-Bas, principalement dans les pays en développement

1. Gouvernement
Au niveau gouvernemental, les missions relatives à la mise en œuvre de la CDB et des OMD sont diverses. Dans la pratique, le ministère de l'agriculture, de la nature et de la qualité des aliments (LNV, qui coordonne la politique nationale), celui des affaires étrangères (BUZA-DGIS) et celui du logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement (VROM) ont un rôle moteur. Les responsabilités internationales, relatives aux programmes thématiques et aux problématiques intersectorielles de la CDB, occupent une place prépondérante dans leur action.

LNV: Son action consiste surtout à exécuter le Programme international sur la biodiversité (BBI). Ce ministère possède un grand service d'information sur la biodiversité ; voir ce site Web.

BUZA/DGIS: Sa politique en matière de biodiversité est déterminée principalement par sa politique globale de réduction de la pauvreté. Il agit en coopération avec d'autres ministères pour mettre en œuvre le programme BBI (voir sous LNV).

VROM: Sa politique en matière de biodiversité repose surtout sur le quatrième programme national pour l'environnement (2001-2006). Ses activités comprennent la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité aux Pays-Bas. L'aménagement du territoire, la politique environnementale et la politique en matière de climat comptent parmi ses instruments. Le ministère possède un site d'information sur la biodiversité.

2. Instituts de recherche
Le réseau néerlandais de Biodiversity Research Strategy Network envisage de développer un réseau national indépendant de scientifiques, d'organisations scientifiques, d'organisations de financement et d'élaboration de politiques sur la recherche et la stratégie en matière de biodiversité, visant à concentrer leurs activités communes pour soutenir la Convention sur la diversité biologique. Tous les instituts scientifiques, organismes de recherche, agences stratégiques entrant en ligne de compte, ainsi que leurs représentants, ont vocation à devenir partenaires de cette Bioplatform-Nl.

La plupart des universités participent au réseau Research, et une recherche spécifique en biodiversité est également mise en œuvre à l'institut Alterra Research de Wageningen. Tropenbos International agit en tant qu’intermédiaire entre les grandes orientations et la science. Le Netherlands Biodiversity Information Facility est une institution de premier plan qui détient de nombreuses informations sur la recherche effectuée en matière de biodiversité.

Proforis est une grande base de données contenant des informations sur les programmes et les projets financés par le gouvernement néerlandais dans le domaine de la nature, de la forêt, de l'eau et de la biodiversité, vues sous l’angle international.

3. ONG
Au sens de la CDB, certaines ONG sont engagées dans la problématique de la biodiversité. La plus importante est le comité Pays-Bas de l’UICN (IUCN NL). Cette organisation représente l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature/Union mondiale pour la nature) au plan national. Elle offre une plate-forme et une caisse de résonance aux membres néerlandais de l’UICN et de ses six commissions internationales. Son action porte sur la conservation de la biodiversité mondiale; elle opère aux Pays-Bas et dans un certain nombre de pays tropicaux.

Aux Pays-Bas, un très grand nombre d'institutions, d’autorités publiques, de centres locaux, de bénévoles et d'ONG nationales opèrent dans le domaine de l'éducation à l'environnement. Ils n'adoptent certes pas tous la biodiversité comme thème principal de leur action, mais les liens entre leurs activités et le concept de biodiversité sont indéniables. Peu d'entre eux sont engagés dans des actions d'éducation de portée mondiale. Un site Web national est consacré aux activités des nombreux organismes travaillant aux Pays-Bas dans le domaine de l'éducation à l'environnement (site en néerlandais). Il présente de manière claire les organismes très variés qui sont actifs dans le domaine de l'éducation à l'environnement et le travail qu'ils effectuent aujourd'hui.

L’IVN est l'organisme d'éducation à l'environnement le plus important des Pays-Bas. Il compte 125 professionnels travaillant dans les bureaux nationaux et régionaux et environ 17 000 bénévoles répartis dans près de 180 agences locales. Ses activités ont une nette «orientation écologique». Il possède une section internationale qui s'efforce de « mondialiser » la pensée et le travail dans le domaine de l'éducation à l'environnement au sein de l'organisation (site Web général de l’IVN). L’IUCN NL (voir plus haut) est en train de mettre en place un groupe de travail sur la biodiversité et l'éducation mondialisées (prendre contact avec l'auteur).

4. Coopération
De toute évidence, les nombreux partenaires qui font progresser la cause de la biodiversité ont leurs propres responsabilités. L'action publique, la recherche, la formation et l'éducation sont des activités en principe séparées, mais on constate de plus en plus souvent qu’une coopération est nécessaire entre ces structures, du fait de la complémentarité de leurs rôles. En fait, la gestion durable de la biodiversité passe nécessairement par une action coordonnée (gouvernement, recherche-science et société civile).

Chris Maas Geesteranus - ancien coordinateur du programme Biodiversité du National Reference Centre for Agriculture and Food Quality.

26/02/2006